Cette fameuse légende des chutes de Windsor que vous lirez dans cette
page a été écrite il y a plusieurs années par le père d'Urquart Pender de la paroisse St-Gabriel.
Avec sa permission, nous publions cette magnifique histoire. M Pender précise que l'île dont il est
question dans cette légende doit être celle qui se trouve en face de chez lui, dans la rivière
St-François. Il n'a toutefois pas la moindre idée de l'endroit où se trouvait le rocher en question.
Il est toutefois probable que lors de la construction effectuée par la Canada Paper ce rocher
ait disparu. Peut-être avons-nous déjà passer près de ce rocher sans savoir que celui-ci faisait
partie d'une légende telle que racontée par M. Ted M Urquart Pender. A note, qu'au début de la construction du
premier moulin St-François les travailleurs creusant près découvrirent les ossements de femme. Etaient-ce ceux de...
Assis sur un banc rustique, un vieil ami de mon grand-père, jouissant d'une réminiscence humoristique
laquelle constituait le charme et l'amabilité de ce vieillard, me raconta la légende suivante: Lorsque
j'étais jeune gaillard d'environ 15 ans, j'étais allé aux chutes, un divertissement populaire à
l'époque. Ah! Oui, je me souviendrai longtemps de ce jour.
C'était un beau dimanche d'été. J'avais
parcouru les deux tiers de la distance et près de Buck Stukens Rock, j'ai rencontré James Dearden,
ton grand-père. "Eh bien mon garçon, où vas-tu? Demande ce dernier" "Je vais aux chutes" répondit
ton grand-père. Quelle coïncidence murmura le vieillard. "J'y vais moi aussi" Si tu n'es pas trop
pressé nous ferons le trajet ensemble. En route, il décrivit les contours de la rivière St-François,
tels qu'ils étaient avant la construction une voie ferrée de même que du barrage actuel près du moulin
St-François de la Domtar. Regarde là-bas, dit M. Dearden. C'était jadis l'endroit où campaient
les Indiens qui parcouraient cette rivière. Arrivés à la Haute Roche, surnommée ainsi par les
habitants de Windsor, les deux compagnons étaient directement en face de l'île à un point où
les chutes étaient des plus tumultueuses. S'assoyant sur un arbre renversé par le vent, M. Dearden
chargea sa pipe de blé d'inde, noircie par l'usure et l'ayant allumée, il continua de regarder
les chutes, perdu dans une vague de mémoire du pittoresque passé. Au bout de quelques minutes,
il dit: "As-tu déjà entendu parler de la légende des chutes de Windsor?" "Non Monsieur.
répondit M. McCabe" Voudrais-tu l'entendre? "Ah! oui, monsieur Dearden, fut sa réponse"
La promesse d'une histoire où légende a toujours pour effet d'accélérer les battements de cœur du jeune
garçon, et je dirais même des plus âgés.
- M. McCabe ne faisait aucunement exception a cette règle. Inutile de dire l'impatience qu'il éprouvait
en attendant le commencement du récit. Après ce qui lui a semblé une éternité, M. Dearden indiqua une
place près de lui à M. McCabe.
"Maintenant que nous sommes confortables, nous pourrons jaser plus facilement dit-il? " Cependant
le vieillard continue à contempler les flots de la rivière. La.. la légende M.Dearden. C'était
l'impatience juvénile d'un garçon de 15 ans. Le fixant d'un regard paternel il dit: "Je m'excuse,
mon jeune ami, à mon âge, la mante de l'impatience est échangée pour celle de la complaisance;
ce qui est quelquefois très fâcheux pour un jeune comme toi. Et, sans plus taxer son jeune caractère,
il commença.
"Lorsque mon père était jeune garçon comme toi, il demeurait avec son père dans la maison que tu vois
là-bas. Il pointait du doigt la maison occupée par les générations de Dearden. "Lui et ses frères
venaient souvent aux chutes. Un après-inidi, lui et son frère, Georges marchaient le long d'un
sentier près d'ici . Soudain, ils virent des Indiens préparant leur camp pour y passer la nuit.
Le chef était jeune et robuste et parlait très bien l'anglais. Il se dit chef Annas, mais expliqua
qu'il n'était pas le grand chef de sa tribu. Annas demanda aux jeunes garçons s'ils demeuraient près
des chutes, s'ils y venaient le soir et si, lors de leurs visites, ils prononçaient les mâts Hootatook
et Manouiena? Mon père répondit non et demanda la signification de ces deux mots. Le chef pria alors
les deux gaillards de s'asseoir voulant leur raconter la légende.
"Il y a déjà longtemps, un jeune Abénakis fit un long voyage loin des montagnes de son village;
il alla visiter les Algonquins qui habitèrent les rives d'une grande rivière et là, il épousa une
jolie fille de la tribu, Manouiena.
Après un grand festin, escortés par des membres de la tribu de Manouiena, les mariés entreprirent
le long et périlleux trajet du retour au village de Hootatook, sur les rives du St-François.
Ils campèrent ici. Le saumon sautait, mais davantage là-bas près de l'île Hootatook se rendit sur
l'île et là balancé sur un rocher, il s'apprêtait à attraper un saumon avec sa lance. Au premier
plongeon de la lance Hootatook perdit l'équilibre et tomba dans les eaux tourbilloonnantes du
St-François. Les efforts de ses compagnons, pour le sauver furent vains.
Après une journée de deuil, ils retournèrent au village de Manouiena mais ce chagrin de la jeune
fille ne connut pas de bornes tant elle était inconsolable. Persuadant les siens de la conduire
au lieu où quelque temps à peine, son mari avait perdu la vie, elle partit avec deux indiens
de sa tribu. Elle espérait rencontrer les membres de la tribu de Hootatook qui la conduiraient
au village de ce dernier. Après des jours et des jours de pénible voyage, parcourant tour à tour
des lacs et des rivières, devant faire des reportages, enfin la rivière et le lac Magog, les
voyageurs arrivèrent à destination.
Le lendemain les deux indiens, retournèrent à leur village peu de jours après, des Abénakis
trouvèrent la jeune femme morte. Aucune marque de violence n'était évidente Manouiena était morte
de chagrin. Les Abénakis l'ensevelirent à l'endroit même ou nous sommes assis près de Buck Stukens Rock,
Annas ajoute ceci: Les soir de clair de lune Manouiena et Hootatook sont souvent vus se promenant sur
l'île et dans les boccages"
"Et voilà la légende des chutes, conclut M. Dearden. Puis regardant le soleil couchant, il ajouta:
il ferait bon y demeurer car la lune sera belle ce soir.
PAR URQUART G. PENDER